Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Chien, blog participatif
14 février 2012

La terre rouge des Pouilles au milieu de l'hiver

Pouilles

   Un jour à Corconne, pendant la fête de l'olive, un type vendait du gros métériel nécessaire à la récolte. Il avait tout un tas de plaquettes comme ça, avec différents machins à moteur, et tout un tas de nénettes du même acabit - en maillot de bain, en sous-vêtement, en robe légère-légère...

Olives  

   Ce qui m'intrigue le plus, au fond, ce sont ses chaussures...

   Plus tard, il m'a fallu me rendre dans le Var pour un salon des vins : je suis parti tôt, et j'avais très peu dormi. Quand le jour s'est levé, l'autoroute arrivait près de Marseille. Quand on vient depuis la Camargue, on grimpe un peu sur des grosses croupes de calcaire : ce sont ces collines pelées qui s'évasent ensuite dans la mer, façonnées par des siècles de pastoralisme - désormais éteint. Je me souviens que, petit déja, la blancheur de ces gros cailloux qui se jetaient dans la méditerranée me faisait me sentir tout chose.

  Cela m'a rappelé, qu'en partant de Novi Sad, j'avais pris un train il y a quelques années. C'était un vieux tortillard que la compagnie ferroviaire yougoslave avait récupéré du rebus de la SNCF. Le train, s'était arrêté au milieu de la plaine de pannonie : au milieu de rien, dans l'attente d'un autre train pour Zaghreb. Il faisait très chaud, et il n'y avait rien autour de cette gare. Cela ressemblait à l'idée que je me fais de la conquête de l'ouest par le chemin de fer. Le ciel était partout, avec de la poussière, et nous transpirions abondamment, en échangeant des cigarettes.

  Au petit matin, après un trajet interminable, le train débouchait depuis le polje, on dirait causse par ici, dans des gros mamelons calcaires pareils, vers Rijeka. D'un coup on apercevait l'Adriatique. Comme je ne pouvais pas dormir, je fumais beaucoup à la fenêtre du train, avant d'entamer la descente vers ce jour éclatant.

  Sur mon autoroute, juste avant d'arriver à un panorama, il y avait une décharge géante encastrée dans la roche. Et des nuées de mouettes. D'où j'étais, on voyait un port industriel et une station balnéaire, tout un tas de cubes au crépi rosâtre. La mer scintillait quand même.

  Au salon (et dans un casino), ma voisine, une grosse dame vendait du Champagne. Avec la neige, il n'y avait pas un chat. Elle lisait, avec sa grosse fille, des magasines people. Aux rares clients elle parlait des arabes, de Carla Bruni, et de son ouvrier qu'elle allait licencier : c'était un feignant, qui avait le toupet de commencer à 8h30, pour déposer son fils à l'école. Et qui rechignait à travailler le week-end.

  Le soir venu, au moment du repas, avec un collègue champenois, ils ont fait une liste des "putes" de leurs villages : ces femmes qui avaient des amants, ou qui avaient changé de mari. La manière dont elles s'habillaient, etc... J'étais conquis.

  Toute l'assistance a fini passablement éméchée par parler politique. C'était bien.

  Puis il m'a fallu rentrer : il y avait une tempête de neige. J'ai mis une heure et demie pour faire 20 kilomètres. Arrivé au Formule 1, j'ai rapidement zappé sur l'une des 30 chaînes proposées : l'une d'elle offrait une rediffusion d' 'Une femme d'honneur" avec Corinne Touzet. J'ai pissé dans le lavabo pour ne pas avoir à me rhabiller, et j'ai dormi.

corinn10

  Le lendemain, je me suis dit qu'il serait bien d'aller voir la mer. Entre Saint Tropez et Toulon, la plupart des parkings près des plages sont payants. J'ai renoncé, et perdu, j'ai traversé un certains nombres de lotissements saumons, peuplés de vieux bronzés, tandis que les palmiers ployaient sous la neige. Au milieu, il y avait quelques vignes laides sur des sols profonds et désherbés : des panneaux annonçaient "Grands crus".

  Le week-end suivant, je me suis promené dans le parc du Haut-Languedoc. Il y a un tas de vallées encaissées, recouvertes de vignes près de Roquebrun. Le sol y est noir de schistes, et marron et doré. Il y a des rivières partout. Dans le maquis pousse des bruyères que l'on ne voit pas dans nos garrigues.

  Ce jour là, il faisait très froid : bizarrement, tous les oiseaux étaient réfugiés sur la route. Une bécasse a traversé devant ma voiture. C'était la première fois que je voyais une bécasse de si près.

  Les pins dans cet endroit, sont un peu différents des pins d'Alep d'ici, et des pins parasols du Var : de loin, leur tronc paraît noir, et, en foule, ils me font penser à des endroits sauvages de l'autre bout du monde. Peut-être sont-ce des pins noirs d'Autriche. Les mêmes qu'en Lozère, près de ce bras du Gardon encaissé dans la pierre sombre - qui paraît étrangement claire sur cette photo. Va pour grise alors...

le-martinet1

  Un peu derrière Roquebrun, il y a Berlou : les vignes y sont magnifiques, qui dévalent les coteaux au ras du sol. Pour les rouennais, vous pouvez trouver je crois Les travers de Marceau, une cuvée du domaine Rimbert qui s'y trouve, chez le caviste de la rue Beauvoisine. Le domaine de Cambis fait aussi une jolie cuvée Le Rouge avec des vieux cinsault et carignan au même endroit : j'y retournerais m'en procurer, pour vous la faire partager.

livrevigne_piemont04

  J'ai appris hier que je ne toucherais pas le chômage.

  Aujourd'hui, j'ai voulu appeler la MSA (l'équivalent de la CAF). Ils ne sont plus ouvert que 3 jours par semaine de 13 à 16h30, mais il m'est loisible d'appeler une boîte vocale payante, à la place, en me munissant de mon numéro de sécurité sociale.

  La dernière fois, après la musique d'attente, quelqu'un a décroché dans un de leur bureau et a raccroché. J'ai rappelé. Il a voulu faire la même chose, mais a raté son coup. Je l'ai entendu dire "Ils commencent à me faire chier aujourd'hui", pensant qu'il était rendu à l'intimité de son bureau.

  A la cité administrative de Rouen, j'avais déjà vu une femme ne pas décrocher la moitié d'un après-midi, occupée qu'elle était à passer des coups de fil sur son portable et à regarder la météo sur internet. Quand elle n'a plus pu supporter les sonneries, elle a répondu enfin à un contribuable, et l'a malmené au téléphone, en l'insultant presque.

  Le dernier plan de rigueur grec a été voté, et les salaires des fonctionnaires seront de nouveau amputés : je me demande toujours si ces mesures concernent aussi les salaires de la police anti-émeute dont on entrevoit la franche efficacité sur les images télévisées.

  Dans son édition de jeudi, le Bild titre "On vous donne du fric, vous nous donnez Corfou". Une entreprise privée de Hambourg a déjà mis en vente une ile inhabitée de Grèce pour 45 millions d'euro (source AFP).

  L'ami Vicenzo s’occupe actuellement de ses chevreaux en Calabre : au téléphone il m'a dit récemment qu'il lui était impossible de planter des vignes chez lui. Dans les années 80, beaucoup de paysans calabrais avaient vendu leur quota (obligatoire en Italie pour faire du vin) à la Toscane, pour se faire un peu d'argent. Les Toscans ont planté du Cabernet-Sauvignon, afin de remplacer le San Giovese traditionnel, sur des terres profondes près de la côte. Ils ont pris des œnologues français, des barriques de chêne français. Ils ont vendu leur production de Chianti "Super-Toscans" au marché américain.

 Vincenzo dit que si le gouvernement italien vote des lois identiques aux lois grecques, il montera à Rome avec de la dynamite agricole.

  Je doute qu'il le fasse.

Publicité
Publicité
Commentaires
Le Chien, blog participatif
  • Le Chien est un blog supplémentaire ou dire des choses à plusieurs sur des sujets plus ou moins intéressants. Il n'est pas nécessaire de le lire. Ce devait être un journal, mais ca a raté. Donc c'est autre chose. Débrouille toi avec ça.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité