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Le Chien, blog participatif
17 juin 2012

Youpla balkan, youpla la

Aujourd'hui, c'est dimanche de vote... en Grèce. 

Lu : Slavoj Zizek, communiste iconoclaste slovène, dans la London Review of Book

 

"Les médias proposent deux versions de la crise grecque : la version germano–européenne où les Grecs, irresponsables, paresseux, dépensiers, fraudeurs, etc., doivent être mis au pas et apprendre la discipline budgétaire ; et la version grecque : notre souveraineté est menacée par la technocratie néolibérale imposée par Bruxelles. Quand il devient impossible d’ignorer le sort du peuple grec, surgit une troisième version : les Grecs sont présentés comme des victimes humanitaires, comme si leur pays avait été ravagé par une guerre ou une catastrophe naturelle. Ces trois histoires sont fausses, mais la troisième est la plus abjecte. Les Grecs ne sont pas des victimes passives : ils sont en guerre avec l’économie imposée par la classe dirigeante européenne, et ils ont besoin de solidarité dans leur lutte, car c’est aussi notre lutte."

Un peu plus au nord de la Grèce, et plus au Sud (à peine) que la Slovènie, dans l'autre bronze-cul officiel de la vieille classe moyenne allemande : l'Istrie - croate (?). Endroit d'Europe si saboté par le tourisme que l'on ne se souvient même plus que c'est le bastion historique de la gauche croate - au contraire de la Dalmatie, et que les laitiers y sont en grève depuis plusieurs mois pour ne pas finir comme leur collègues français - suicidés ou surendettés. C'est l'endroit en août ou l'on trouve le plus de gens en europe au mètre carré. 

Que nous apprend Bruno Bulic, chef du syndicat majoritaire de l'Istrie et du Kvarner : "Le tourisme est une machine à fabriquer des estropiés". Quels sont les enseignements de 20 ans de libéralisme-national à l'économie sous-colonisée à fin de tourisme ouest-européen : toutes les terres agricoles sont ponctionnées par des entrepreneurs privés financés par des banques d'europe de l'ouest (les mêmes qui empruntent à o% à la Banque Centrale, prêtent à d'autres banques à 5%, qui prêtent à des banques espagnoles insolvables, ou irlandaises ou françaises, qui prêtent ensuite à la Grèce à 17%. Et qui disent après que les états sont mauvais gestionnaires, et que pour cette raison il leur faut augmenter les taux d'intérêts), ils rasent des batiments historiques pour foutre des marina et des hotels 4 ou 5 étoiles (et privatisent des îles entières - Sveta Katarina notamment).

 Devant Sveta Katarina et Rovinj, le petit déjeuner européen n'est pas nécessairement servi à des croates, expropriés à crédit de leur propre pays

Bref des banques qui achètent à l'oeil, sur l'argent des citoyens européens, les outils productifs des européens - terres agricoles, villes entières etc...

Et qui trinquent en premier : comme ailleurs, les agriculteurs, et les jeunes. 

Bruno donc :

 

"Quand il s’agit d’aborder les questions économiques, le gouvernement s’égare complètement dans le temps et l’espace. Ça ne sert à rien de mettre en faillite une entreprise qui ne fonctionne pas. Il y a maintenant 1,2 travailleur pour 1 retraité, et les secteurs qui produisent des biens matériaux réels n’emploient que 18 % des travailleurs du pays. C’est un système caduc. C’est pourquoi on vit d’emprunts. Tant qu’on a quelque chose à mettre en gage, on continue à s’endetter, à hypothéquer nos forêts, nos fleuves, nos ressources naturelles et nos parcs nationaux. Peut-être va-t-on même se mettre à vendre nos îles, à l’instar des Grecs… Si le gouvernement ne s’occupe pas du lobby mafieux de l’import, il ne réglera rien. C’est l’import qui détruit l’économie intérieure, en particulier les petites et moyennes entreprises."

"Le gouvernement doit s’opposer à certaines réformes européennes. Si on entre dans l’UE comme citoyens de seconde zone, cela ne nous apportera rien de bon. Il suffit de voir les jeunes qui font des travaux saisonniers pour 1 600 kuna (environ 200 euros) par mois.(...)

Le tourisme crée une nouvelle forme de société esclavagiste. Les gestionnaires sont au sommet de cette hiérarchie, ils donnent des ordres aux managers qui emploient des salariés sous contrat, mais aussi des « travailleurs au noir », qui se retrouvent au bout de la chaîne et sont traités comme des esclaves. Dans cette hiérarchie, tout le monde craint celui qui est au-dessus et écrase celui qui est en dessous. Le tourisme est la plus grande usine invisible d’estropiés. Il n’y a plus de travailleurs de plus de 50 ans qui peuvent assurer ce tempo."


Dans le même temps : du 5 mai au 19, a eu lieu à Zagreb, la très propre, très schonbrunn et réactionnaire Zagreb, avec ses avenues propres et plantées de géraniums, le premier Forum Subversif (entendu : de Yougoslavie). Les deux derniers jours étaient dédiés à un Forum des Balkans sur "la fin de l'Europe telle qu'on la connaît".

Bon, moi, j'écoute Bertrand Cantat qui chante son Qu'il vienne dans Les mouillages, cela me fait vaguement penser à la mer - et à ce qu'elle ramène. Et si la Grèce tombe dans les mains ce soir de la vilaine "extrême-gauche radicale" (sic AFP), qui met en péril toute l'Europe, à vouloir remettre en cause sa dette, son plan d'austérité etc... qu'advient-il alors dans les Balkans voisins? La Serbie - après 20 ans d'ingérence et d'élections trafiquées, de révolution télécommandée, la jolie Serbie métissée se lèverait-elle dans le sillage, dans le sillon en fait? La bizarre Bosnie dirigée par l'ONU depuis 1995? La Croatie? Ce serait beau comme une chanson de partisan.

Pendant ce temps là, Vinicio Capossela, italien du sud né en Allemagne, gauchiste né en RFA et rapatrié à Milan (Milan bordel!), a décidé de partir en Grèce enregistrer avec des musiciens de Rebetiko, musique traditionnelle et populaire du coin... (http://www.youtube.com/watch?v=vukZ4m7z7HU)

(http://www.youtube.com/watch?v=9Id4zheuElI)

 Bon. 

Un italien né en allemagne, qui fait de la musique grecque... Pour se convaincre plus encore de la matrice globale : il avait été question d'Alan Lomax il y a quelques temps. Et bien, en fait, une petite mais non négligeable partie de ses enregistrements de musique populaire dans les années 60 sont disponibles de manière rigolote : tu cliques sur un pays du monde, ou une ville, et tu voyages de tes oreilles (http://www.culturalequity.org/lomaxgeo/)... Je dis ça pour se convaincre. 

 

Allez, qu'on en finisse, que quelque chose commence plutôt (et faites pas les cons les gars, vous qui avez encore un peu le choix en ce dimanche électoral) :

 

L'ombre d'Alexis Tsipras, leader du Syriza, lors d'un meeting.

 

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  • Le Chien est un blog supplémentaire ou dire des choses à plusieurs sur des sujets plus ou moins intéressants. Il n'est pas nécessaire de le lire. Ce devait être un journal, mais ca a raté. Donc c'est autre chose. Débrouille toi avec ça.
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